turning 18

Avoir 18 ans aujourd’hui, c’est comme du temps de nos aînés un tournant à l’échelle d’une existence fugace. C’est un symbole de liberté et d’indépendance, d’une vie qui débute, d’un envol qui nous mènerait vers d’autres horizons, plus vastes encore que ceux que l’on a connus. C’est des verres à n’en plus finir jusqu’au petit matin, les grands frissons des premières fois, des cigarettes et du vin premier prix qu’on savoure perdus dans la nuit entre amis. On est un peu insouciants, on rit, on vit, on jouit de la jeunesse dont on nous a dit qu’elle passait trop vite.

Et puis, aujourd’hui que je viens d’avoir 18 ans, il y a autre chose. Un Trump à la Maison Blanche, une commémoration d’une tuerie dans une salle de concerts. Moi qui suis née un 11 novembre, je regarde l’actualité se confondre pleine d’amertume en un passé pas si lointain, qui pourrait servir d’exemple à ne pas reproduire. J’aimerais me tourner vers l’avenir, mais on m’assène d’images et de slogans obsolètes qui empêchent des populations d’avancer. Je voudrais croire au pouvoir du vote que je peux enfin exercer, mais la désillusion de ma génération lui a appris à ne plus croire en rien. A arrêter d’espérer.

Mais avoir 18 ans c’est surtout être au seuil d’une vie qu’il reste à construire. D’un monde qui doit continuer de tourner. Je crois à l’importance de chacun des individus de ce monde, et à l’importance de leur voix respective. Elles méritent toutes de pouvoir s’élever et d’être écoutées. Qu’ensemble et à l’unisson, elles partagent leurs craintes avec amour plutôt que d’user de la haine pour les faire taire.

Jeunesse, toi qui est belle de ta beauté chaotique, toi dont l’audace et l’effronterie prêtent à tes yeux l’ardeur des flammes qui brûlent en brillant, n’aie pas peur et bas toi.

Amélie Zimmermann