amours chimériques

amours chimériques :
par-dessus nos écrans on s’est regardés, et – en-dessous de nos par-dessus, on s’est imaginés nus. jaugés si on pourrait un jour s’aimer, vingt minutes d’attention pour que les tensions retombent, si on a le temps de connaître un jour nos noms. un sourire puis des histoires qui se multiplient sans que les sentences ne sonnent, on ne s’est rien promis alors on se balade de porte en porte, on dort à demi sur les paillassons de nos fantaisies bruyantes. voyageurs nés d’une pluie pas encore tombée, nomades à qui l’on prête un toit pour coucher, un coeur pour jouer à cache cache. à toucher pour toucher, à aimer pour se dire – je t’aime, autrement, se toucher pour coucher – les noeuds de nos ventres affamés. on dormira sur l’asphalte de nos histoires courtes. un bitume réconfortant d’inconfort quand être aimé ne se conjugue qu’à la personne absente. il se fait tard et tout chauds et tout froids, on brise la glace alors que les glaces nous renvoient aux reflets de nos masques silencieux. trémolos des aller-retours sur le goudron froid et dur d’une autoroute fixe, ellipses carentielles des soirs d’acmés. mais la vitesse des aventures répétées oublie souvent les intervalles de nos envies d’amour, qui reviennent comme des vagues alléchantes, se brisent sur la houle de nos corps mouvementés ; ondulations vibrantes mais illusoires car l’écume des souvenirs tendres continue de venir lécher nos pieds.
on aurait pu être plus si on avait eu le temps, si on avait eu l’envie d’abandonner
nos amours adolescentes.

Amélie Zimmermann

 

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