le corps d’apparences, ou quand la mode nous fait être

Nous avons besoin de la mode car elle arrange un peu le désespoir de notre corps nu. Le corps n’est jamais qu’un corps nu ; et même nu, il est dans l’attente d’être habillé. Ce deuxième corps de mode est toujours en latence, il provoque en nous une métamorphose essentielle pour pouvoir vivre. La mode nous fait devenir médium de notre existence en tant qu’image de soi : grâce à la mode, les autres me voient, alors j’existe. 

Le mauvais genre, l’amant de la mode

Démêler le bon du mauvais goût ne relève pas seulement de l'arbitraire et du jugement personnel : c'est une construction sociétale et culturelle entière. Le mauvais genre est une vraie révolte de la mode contre elle-même : c'est l'annihilation de ses valeurs fondamentales, c'est le retour au grossier, à l'ordinaire, à l'obscène et au populacier. Bref,  la mode cherche à sortir de son cadre étriqué en faisant fi de la noblesse à laquelle elle est vouée, pour épouser les formes viles de la vraie vie.

départ vers nulle part

laisse, laisse, se dit-elle, pousser tes ailes et goûte à ce jus mirobolant, potion empoisonnée qu'une femme a un jour engendré. rêve solitaire et endurci, rêve d'un amour insulaire sous le soleil tapant, d'une vie libre hors des fonctions. laisse, tourner les verres, tourner la vie à la mort car on ne compte nos jours que pour leurs regrets. trop tard.