photographe: rebecca sberro / texte inspiré par une série de photos prises par Rebecca Sberro.
Le temps se profile, tapi comme son ombre au coin d’une rue obscure. Elle flotte au-dessus du sol mouillé, au-dessus des souvenirs qu’elle va oublier. Une silhouette fantomatique qui hante les rues, elle arpente la ville comme les recoins de sa mémoire et le labyrinthe de son année écoulée. Comme les torsions de son corps, de sa mémoire malléable dont elle construira les bouts parsemés ; ce sont les restes d’un temps déjà perdu, quelque part, lointain. Qui restera malgré lui dans sa tête à elle, images imprimées d’un passé qu’elle réinvente, qu’elle sculpte selon ses désirs, qu’elle peint ou efface selon les desseins de l’avenir à bout de bras. Une apparition soudaine mais fugitive de ce qu’a été la vie pour une année, une année minuscule et grandiose, grande de ses ambiguïtés, des contraires cultivés. Une année à refaire, qui s’ouvre à elle quand elle le décide. Les divagations de nos souvenirs factices, déjà abîmés par le temps, qui s’alignent pour n’être plus qu’un tapis de décombres sur lequel on marche. Pieds écorchés. Le temps court mais elle prend les détours du temps d’avant pour contempler les rues vides, le silence de nos oublis. Pour faire son chemin et tracer une nouvelle route : pour que l’horizon dégagé promette le temps nouveau d’une année à recommencer.
instagram: @rebeccasberro / @thegoldengrounds
Amélie Zimmermann.